AS MONACO FC -MHSC (N.SIRI)
Les petits ruisseaux et le grand Rivière
On attendait avec curiosité les retrouvailles du stade Louis-II avec la Ligue 1, quittée il y a plus de deux ans, un soir de défaite calamiteuse face à l’Olympique Lyonnais. Avec curiosité et un soupçon d’appréhension, malgré les promesses de la belle victoire remportée en terre girondine en ouverture du championnat. Les hommes de Claudio Ranieri parviendraient-ils à faire le jeu à domicile aussi aisément qu’ils avaient réussi à l’imposer à l’extérieur ?
Nous n’allions pas tarder à être fixés. Devant des tribunes copieusement garnies et qui débordaient d’amour et de couleurs pour leurs favoris, sous un soleil ardent à ne pas mettre un footballeur dehors, encore moins un arbitre ou un délégué, les Rouge et Blanc ont aussitôt pris le match à leur compte et donné un aperçu de leur potentiel offensif. Au bout d’un quart d’heure, intenable dans son couloir, Lucas Ocampos obtenait un penalty que Radamel Falcao se faisait un plaisir de transformer pour célébrer la toute récente naissance de sa petite fille Dominique. L’égalisation montpelliéraine, survenue comme une péripétie inattendue, ne changeait rien au destin de la rencontre, car son héros se révélait juste avant la pause en ajustant un lob subtil qui redonnait un avantage mérité aux siens.
Au retour des vestiaires, Emmanuel Rivière, puisque c’est de lui qu’il s’agit, se doutait-il qu’il profiterait encore des espaces libérés par le marquage à la culotte dont bénéficiait son illustre collègue colombien ? A deux reprises, le souple et bondissant Antillais trouvait à nouveau le chemin des filets adverses, d’abord du genou à la suite d’un corner botté par Yannick Ferreira Carrasco, puis de la tête après un tir du même artilleur mal dégagé par le portier héraultais. En inscrivant trois buts comme autant de petits ruisseaux, Manu Rivière réalisait ainsi le premier hat trick de sa carrière et donnait au succès de son équipe une ampleur significative, qui situe parfaitement la différence de niveau entre le surprenant champion 2012 et l’étonnant promu 2013. Pour ne pas puiser inutilement dans les organismes en raison de la chaleur accablante, les Monégasques se contentaient de contrôler sereinement le reste de la partie et auraient même pu marquer un ou deux buts supplémentaires avec un peu plus de réussite.
Deux victoires en deux matches, la deuxième place au classement à un tout petit but des Lyonnais, un football convaincant qui accuse peu de failles, des joueurs dans leur ensemble concentrés sur l’ambitieux projet présidentiel… Il n’en faut pas davantage pour plonger les supporters asémistes dans un état proche de l’extase. Même s’il y a loin, bien loin encore de la coupe aux lèvres, ils savent que ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. N’est-ce pas, Manu ?
Daghe Munegu.