Sombre week-end

Samedi après-midi, tout était réuni pour que Monaco-Caen soit la fête annoncée. Le Prince Albert II était présent, le public était plus nombreux que d’habitude, certains supporters étaient venus de loin pour participer à l’événement, le soleil était de la partie, les bancs de touche avaient même été déplacés à l’endroit qu’ils auraient toujours dû occuper, la pelouse ressemblait à un billard, les banderoles frémissaient tout autour de l’enceinte, comme le cœur des supporters monégasques, impatients de partager la joie d’un heureux dénouement.

C’était sans compter avec la détermination et la solidité des Caennais, dont le maillot jaune fluo était prémonitoire. Tout au long de la partie, ils ont démontré que leur titre de meilleure défense du championnat n’était pas usurpé et que leur large victoire du match aller avait été parfaitement maîtrisée, puisqu’ils sont les seuls dans la saison à avoir pris avec autorité la mesure de nos joueurs, notamment grâce à la supériorité de leur collectif et de leur fonds de jeu.

Le fonds de jeu, c’est ce qui permet à une équipe de compenser les défaillances individuelles en toutes circonstances et c’est justement ce qui a fait défaut à la nôtre au cours de ce match qui devait la propulser définitivement en Ligue 1. Comme à Sedan le lundi précédent, les Asémistes ont bafouillé leur football, n’ont pas su provoquer la réussite nécessaire aux plus belles conquêtes et ont paru une nouvelle fois émoussés, tant physiquement que mentalement.

Même s’ils ont manqué l’immanquable en première période et touché du bois à trois reprises en seconde, ils n’ont jamais donné l’impression de pouvoir ou de vouloir surpasser leurs adversaires, faute d’une agressivité et d’un engagement suffisants. Paralysés par l’enjeu, ils ont commis des erreurs inhabituelles et se sont laissés peu à peu gagner par la nervosité, alors que la lucidité aurait dû présider à leurs initiatives.

La conclusion est paradoxale : les Normands n’ont pas volé leur victoire sans que les Monégasques aient vraiment mérité leur défaite. Finie la série d’invincibilité de 17 rencontres d’affilée – de Caen à Caen précisément, dissipée la folle envie d’en finir avec la montée pour la célébrer à domicile avant de jouer le titre l’esprit libéré, exaspérée la frustration des supporters, obligés de ronger leur frein dans l’attente du prochain rendez-vous nîmois, dont ils espèrent qu’il sera enfin le bon.

Ils l’espèrent d’autant plus que, le lendemain de la cruelle défaite face à Caen, ils ont appris avec stupéfaction que leur club bien-aimé était victime d’un racket insensé de la part de la plus haute autorité du football français. 200 millions d’euros, c’est la somme, difficilement concevable par le commun des mortels, que réclament la FFF et la LFP à l’AS Monaco FC pour qu’elle ait le droit de poursuivre son œuvre, engagée il y a près de 90 ans, là où elle devrait être accueillie avec les égards dus à son rang et à ses états de service.

Fi, pour l’heure, des polémiques ! Laissons les experts tenter de démêler l’écheveau de dits et de non-dits, d’improbables alliances et de rancunes tenaces. Concentrons-nous sur l’essentiel, à savoir l’aspect sportif de la prochaine échéance : vaincre à Nîmes sans trembler.

Daghe Munegu.