NIMES-ASMFC (N.SIRI)
L'histoire est en marche
La Ligue 1 est une fiancée farouche.
Depuis bientôt trois semaines et sa superbe victoire sur Clermont, l'AS Monaco tentait de la séduire en faisant valoir un certain nombre de ses atouts habituels. Malheureusement, pour diverses raisons - la fébrilité, le manque de fraîcheur physique et morale, l'absence cruelle d'inspiration et de réalisme - elle n'est pas parvenue à s'imposer à Sedan, pourtant relégable, ni face à Caen, à domicile, un concurrent direct sur lequel elle avait une sacrée revanche à prendre. Mais elle avait beau essayer en y mettant de la bonne volonté, rien n'y faisait. La belle était rebelle et ne se laissait pas approcher.
Samedi après-midi, au stade des Costières de Nîmes, sous un soleil resplendissant, on a bien cru que l'histoire allait bégayer. Les Gardois, qui n'avaient plus qu'une infime chance d'atteindre le podium, se sont révélés cependant totalement inoffensifs et n'ont jamais inquiété Danijel Subasic, ni de près, ni de loin. Au milieu de la première période, ils ont même facilité la tâche de nos favoris, de manière inespérée, en concédant un penalty parfaitement justifié à la suite d'une action de grande classe d'Andrea Raggi, et en se séparant du défenseur fautif, expulsé sur le coup. Malgré ses allures de vengeur masqué, Yannick Ferreira Carrasco a raté le coup de pied de réparation qui aurait pu délivrer ses coéquipiers. La Ligue 1 se ferait encore désirer.
Pendant une mi-temps et demie, crispés par l'enjeu, comme à Sedan, comme contre Caen, nos Monégasques ont écrasé la partie de leur vaine supériorité numérique. Ils avaient beau dominer la situation sans relâche, multiplier et varier les offensives, presser les adversaires aussi haut que possible, rien ne passait, d'autant que le gardien local accomplissait des prouesses. Il manquait toujours la petite étincelle qui éclaire une action et embrase le jeu. Les minutes s'écoulaient irrémédiablement, les supporters s'impatientaient, et l'on arrivait maintenant au temps additionnel où les secondes deviennent irrespirables.
A la 94ème minute, au bout du suspense, alors que Tony Chapron s'apprêtait à renvoyer les deux formations aux vestiaires, sur une ultime tentative initiée par le pied gauche de Giorgios Tzavellas et relayée au second poteau par la tête de Gary Kagelmacher, la délivrance est survenue. Et c'est Ibrahima Touré, qui avait remplacé son capitaine Valère Germain à la peine, c'est Ibou Touré, auteur de buts à la pelle en 2012, mais désespérément stérile depuis, c'est notre Sénégalais qui inscrivait le but libérateur, comme un symbole, après si longtemps d'abstinence, à la grande joie de tous les siens et des 472 supporters monégasques qui avaient fait le déplacement et dont la tribune jouxtait les buts nîmois.
Tout le peuple rouge et blanc chavirait de bonheur et aurait aimé suspendre le temps pour savourer ces longs moments de communion avec son équipe. Voilà de nouveau le club de la Principauté en Ligue 1, qu'il avait tristement quittée il y a deux ans à pareille époque et qui se laissait enfin conquérir par son prétendant. Pour que la noce soit complète, il reste maintenant à enlever le titre de Ligue 2, le seul qui manque au palmarès de l'AS Monaco. Rendez-vous est donné vendredi prochain au stade Louis-II, où l'on attend la participation de toutes les antennes du CSM de France et de Navarre et où l'on célèbrera comme ils le méritent les héros du renouveau.
Daghe Munegu.